Les fonds de tiroir
C’est une manie bien innocente, lorsque je suis chez mes parents, que de fouiller dans les tiroirs, dans les meubles, à la recherche de vieilles photos, de vieux papiers pour retrouver un peu de ce passé dont nous conservons les traces pour que la mémoire ne s’endorme pas.
Il y a les visages de ces aïeux connus ou pas, ces soldats arborant leurs galons tout neufs. Les clichés romantiques qui immortalisent les amours débutantes, les mariages, les bébés posés nus sur un coussin de fourrure. Photos surannées, jaunies, témoins des filiations.
Je refais les alliances sur ces passés composés. Je m’amuse à retrouver l’ordre généalogique. Les écrits me fascinent, pas tant par ce qu’ils relatent d’une époque, d’un moment, d’une situation mais par leur tonalité, ces formulations à l’ancienne, élégantes, respectueuses. Les pleins et les déliés que seule la plume autorisait. Lettres sages ou enflammées, tristes ou joyeuses. Je vis, pendant quelques heures dans un passé simple où, étrangement et plus encore, je me sens la dépositaire de cet héritage familial.