Plénitude en Creuse

Le plus surprenant reste sans doute le silence qui s'installe lorsque le jour décline. Un silence dont l'épaisseur prend des allures sépulcrales. Un silence de mort. Rien ne bouge hormis, parfois, le souffle du vent dans les ramures.

J'aime ces instants d'infini. Je ne ressens ni la solitude, ni l'ennui mais un sentiment de plénitude totale. Seule au monde, consciente que tout est à construire dans ce coin de campagne où ma vie s'est posée.

Il y a quelques décennies, j'incriminais mes parents d'avoir choisi ce hameau perdu au milieu de nulle part pour y passer leur retraite. Comment pouvait-on vivre aussi loin de la ville, comment arrivait-on à survivre à cet isolement ? Jamais, leur avais-je confié, je ne choisirai de venir m'enterrer ici. Et me voilà, aujourd'hui, exilée sur cette terre de mes ancêtres. 

Je ne sais encore ce que sera ma vie ici, si, à mon âge, je pourrai encore construire quelque chose, donner un sens aux jours qui viennent. Je vis chacun comme une offrande, me contentant de chaque instant comme s'il devait être le dernier, reconnaissante de ce bonheur simple qu'offre la contemplation. Bonheur que j'associe toujours à une crainte, qui lui donne, avec le sentiment de sa fragilité, une ampleur supplémentaire.