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Alias Clory
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25 avril 2010

Souk-a-York ... Marrakech en live

Souk-a-york

« Dès l’aéroport, j’ai senti le choc » … chantait Nougaro.

Comment raconter Marrakech ? Ce ne sont pas les sites touristiques à proprement parler dont je conserve le plus de souvenirs, d’ailleurs nous en avons fait très peu. Non. Marrakech c’est au-delà de ça. Des impressions, des bruits, des odeurs, un grouillement perpétuel, un fouillis organisé ou désorganisé. Ce sont des couleurs et un rythme dont la partition échappe au non initié.

La Kasbah on se la prend de plein fouet au petit matin de notre arrivée. Dépaysement total, mouvement de recul lorsque l’on pénètre, la toute première fois, la rue de la Kasbah, centre historique et névralgique de la ville. Nos codes volent en éclats. Impossible, pense-t-on, pour les occidentales que nous sommes de pouvoir vivre « là », au milieu de ces murs lépreux qui conservent toutefois une certaine majesté. Nous ne savons pas encore que nous allons tomber amoureuses de ce lieu, nous y sentir comme chez nous, proches des habitants au point de nous mêler à eux sans plus de manières.

DSCN1602La vie commence dès six heures, juste après que les Mollahs aient psalmodiés, en écho, la prière du matin. D’un seul coup, le bruit des motocyclettes sans âge envahi ce vieux quartier. Les femmes, en majorité voilées, se dirigent vers leur travail tandis que les hommes ouvrent de minuscules échoppes chargées de tout un amoncellement d’objets hétéroclites dont on se demande comment ils peuvent tenir en un assemblage aussi scabreux.

Les enfants portent des blouses blanches pour se rendre à l’école. L’enseignement se fait jusqu’à quatorze ans. Après, c’est selon les moyens des familles et ici, elles sont très pauvres. Le soir ils jouent tard dans les rues sans que les parents s’inquiètent outre mesure. Ici pas de risque, au contraire de ce que l’on pourrait penser. Nous sommes en totale sécurité.

Vers neuf heures, le sens olfactif est largement sollicité. Ca sent le musc, les épices, les grillades. Une fumée qui va en s’épaississant envahie les venelles. Les « restaurants » de plein air installent des pianos improvisés, des tables bancales.

Surprenant, c'est "nerveux" mais il n’y a pas de « cris », juste cette rumeur besogneuse et le son des klaxons. Les marrakchis sont des gens discrets, souriants, affables, à l’humble fierté.

Marcher et sortir de la Kasbah relève du défi permanent. Imaginez une rue de six mètres de large dans laquelle vont se croiser, se dépasser, des centaines d’engins motorisés, de carrioles, de calèches, de vélos. On risque sa vie à chaque instant. Le piéton n’est pas prioritaire et il convient de l’apprendre très vite.

Comme nous sommes avec Sacha et qu’il est difficile de se frayer un chemin, nous allons faire l’apprentissage de la négociation tarifaire avec les taxis. Ah, les taxis … Un poème épineux s’il en fût !

Ne pensez pas vous balader dans une « voiture » digne de ce nom vous seriez déçus. Mais le folklore vaut le détour. Des voitures sans âge, rafistolées avec des bouts de carton, des plaids élimés recouvrant des sièges éventrés, des portières qui jointent mal et une arrière odeur de peau de mouton … Mais … il existe deux sortes de taxis : le petit … et le grand. La différence, en dehors de la taille ? Le tarif bien sûr. Les petits sont équipés de compteurs alors que les autres établissent leur tarif en fonction de leur humeur.

Quoi que … Nous avons dû marchander les deux premiers jours avec ces « petits taxis » qui nous prenaient pour ce que nous étions : des touristes. Ainsi le prix de nos courses était doublé systématiquement jusqu’à temps que nous comprenions qu’il fallait demander à ce que le compteur (soigneusement caché ou éteint) soit mis en fonction. Certains taxis ne veulent absolument pas l’utiliser et vous demandent, pour une même course, un prix totalement aléatoire variant du simple au quintuple !

Au bout de trois jours, nous étions devenues des pros , renvoyant balader ceux qui voulaient nous arnaquer et payant grassement ceux qui avaient l’honnêteté d’enclencher leur compteur. Il faut savoir qu’en moyenne, un taxi se fait rarement plus de 15 euros par jour (pour 14 heures de travail continu) une fois déduits tous ses frais : location de la voiture, payement de la carte d’autorisation de circuler, gasoil. Aussi n’était-ce pas le prix qui nous ennuyait beaucoup (moyenne d’une course : 2 euros) mais le principe de nous faire avoir.DSCN1613

Nous arrivions ainsi place Djemaa El Fna. Là aussi, c’est un choc. Circulation, dans tous les sens, des véhicules comme des chalands. Ca « grouille » de partout. On ne sait plus où se trouvent les voies de circulation des voies piétonnes. Peu importe. Les souks sont juste là, au fond de la place encadrée de petits et moyens commerces, de cafés, de restaurants.

En journée, on y trouve des charrettes chargées de fruits secs, de fruits frais, des vendeurs de gadgets, de chapeaux ; des femmes assises sur des poufs proposant des dessins au henné. Des hommes jouent aux cartes. Pas de charmeur de serpents.DSCN1611

Le souk est une aventure en soi. Difficile d’y faire un pas sans être interpellé « pour le plaisir des yeux ». C'est coloré à souhait, vivant, drôle. Nous sommes bien évidemment les plus belles « gazelles » du secteur et les demandes en mariage tombent comme à Gravelotte. Les vendeurs tentent de séduire Sacha en lui proposant de jolies tenues. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire ! Elle « n’aime pas » et les prix ont beau baisser sans que l’on ait besoin de négocier, elle ne cède pas à la tentation. Ce qu’elle veut c’est du rose ! Compris ? Du coup, nous arrivons à faire quelques affaires juteuses sans avoir besoin de beaucoup nous dépenser !

DSCN1588

Nous irons également voir les centres d’artisanat. Plus intéressants sans aucun doute parce qu’on y voit des artisans travailler directement leurs modèles dont la qualité est nettement supérieure pour un prix relativement modique. Ainsi des étoffes tissées sur de vieux métiers. Quatre jours pour tisser une étole en soie d’un mètre sur trois … pour l’équivalent de 35 euros ! Ca laisse rêveur sur le niveau de vie de ces ouvriers. Le salaire moyen au Maroc est de 2000 dirham, soit l’équivalent de 180 euro par mois …. pour une moyenne de 11 heures de travail par jour !! Et on se plaint en France !

Je poursuivrai mon carnet de voyage demain. Pour l’heure, je vais profiter de mon jardin et rêver encore un peu à ces impressions qui ne me lâchent pas …

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Commentaires
C
Chère maman, compagne de voyage d'infortune (au sens premier du terme surtout...), grâce à tes mots enchanteurs et magiques, tu fais rêver nos âmes !<br /> Un peu de beauté dans notre quotidien fait du bien. Nous sommes tellement dans une mécanique hebdomadaire, à faire nos mouvements par automatisme, sans conscience des choses, ça devient épouvantable, nous ne vivons plus, nous errons.... Je m'aperçois alors que justement, toi, tu as cet oeil sur la vie, cette perception des choses. Chaque détail est important, et tu nous en fait part. Quand je lis ton blog, j'ai de nouveau les pensées qui brillent, et l'espoir de vivre et de voir encore beaucoup de jolies choses, en ta compagnie.<br /> Merci à toi pour ces images que tu laisses et ces sensations que tu exprimes. Tu es dans le juste et le bon, tu es un être doué pour le Bonheur, tu n'as pas perdu cela, et cela fait de toi quelqu'un de précieux...Ecris nous encore tes carnets de voyage, ça me fait de nouveau voyager... je t'...
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S
Tu le racontes bien et ça donne envie d'y aller. Je ne connais pas mais je suis tentée par cette turbulente Marrakech.
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